Pourquoi ?
Nous considérons que SUD éducation Limousin doit réaffirmer sa position anti-hiérarchique. Dans un monde où elle domine la classe prolétarienne, la classe capitaliste impose de plus en plus, à celle-ci, une soumission violente à la hiérarchie.
L’Éducation nationale n’est pas épargnée, au contraire : elle est ancrée dans ce système capitaliste où les chef·fes, le numérique, les bonnes pratiques imposent un modèle basé sur la concurrence et où les élèves sont fiché·es et trié·es socialement.
L’école tend même à reproduire cette domination par sa structure et son fonctionnement hiérarchisés :
- sur le plan catégoriel (multiplication des catégories de personnels entre lesquelles des relations hiérarchiques s’établissent trop souvent),
- sur le plan institutionnel (structures hiérarchiques des établissements)
- et sur le plan pédagogique (relations pédagogiques sur le mode de la domination et de la concurrence).
Il convient de réfléchir à une autre organisation afin d’aller vers une école autogérée, émancipatrice et libératrice.
A l’heure où la hiérarchie est renforcée, il est important de prendre la mesure de la gravité de la situation. En effet, le recrutement des chef·fes d’établissement a changé et il leur est demandé de plus en plus d’être des « managers », à l’image des chef·fes d’entreprise.
De même, la multiplication des échelons hiérarchiques, les injonctions en cascade déconnectées du quotidien engendrent mal-être, burn-out et suicides par la non reconnaissance de l’expérience et du professionnalisme des travailleurs que vient renforcer un flicage systématique généralisé.
Ainsi, notre liberté pédagogique que nous voulons évolutive, constructive et ouverte est de plus en plus remise en cause et contribue à la souffrance au travail.
Comment ?
Sans opposer le juridique à l’anti-hiérarchie, car nous sommes conscient·es de l’importance de l’outil juridique, nous considérons que les conflits se gagnent avant tout par le rapport de force. Face à la logique de division des travailleur·euses nous considérons qu’il faut construire du collectif. Dans notre désir autogestionnaire nous devons appuyer la création de vrais lieux décisionnels où les personnels peuvent se réunir tou·tes ensemble sans la présence de leur hiérarchie afin d’organiser et de sécuriser nos actions de désobéissance et de résistance.
Refuser de se déclarer en grève, accompagner systématiquement un·e camarade devant les
chef·fes, imposer des heures de formations syndicales et faire respecter nos droits syndicaux, boycotter les instances administratives ou les investir pour mettre en place des pratiques plus démocratiques, refuser les tâches supplémentaires arbitrairement imposées par les chef·fes, sont nécessaires mais doivent s’accompagner de revendications fortes pour détruire ce système hiérarchique, aliénant et source d’inégalité.
Sud éducation Limousin réaffirme son opposition à l’utilisation de logiciel dangereux destinés à fliquer les personnels, et à ficher les élèves.
Il est par exemple fondamental que les luttes associent les personnels titulaires et les personnels précaires avec comme horizon la mise en place d’un statut unique de travailleur·euse de l’éducation. Ainsi, nous nous opposons aux inspections et refusons tout système de notation.
Combattre la hiérarchie, c’est aussi faire vivre l’autogestion au sein de notre structure syndicale, proposer des formations inter-catégorielles, porter nos pratiques autogestionnaires dans les luttes sur le terrain.
Enfin, combattre la hiérarchie, suppose de mettre en place des pratiques pédagogiques de transformation sociale (pédagogies critiques et coopératives) pour réfléchir les rapports de dominations trop souvent observés dans nos établissements et proposer la mise en place d’assemblées, de conseils coopératifs…