SUD éducation Limousin et le mot racisé·e

Ce mot est ren­tré dans le dic­tion­naire depuis 2019. Nous devons com­prendre la « raci­sa­tion » comme le pro­ces­sus de mise en place d’une domi­na­tion raciste.

D’où vient ce mot ?

Issu du néo­lo­gisme « raci­sa­tion », le terme « racisé » est uti­lisé par des chercheur·ses en sciences sociales. La socio­logue et anthro­po­logue fran­çaise, Colette Guillaumin, l’emploie dans son livre L’idéologie Raciste, en 1972. Il s’agit d’un terme qui désigne l’expérience de la dis­cri­mi­na­tion vécue par une popu­la­tion « raci­sée », face à une popu­la­tion « raci­sante ». La cher­cheuse y dénonce notam­ment le sys­tème selon lequel le stig­mate racial déter­mine la posi­tion sociale de cer­tains groupes. Le terme est éga­le­ment uti­lisé par les asso­cia­tions anti-​racistes. Le terme “racisé” n’est pas une réa­lité bio­lo­gique mais bien une réa­lité sociale.

À quoi sert ce mot ?

En encou­ra­geant une com­pré­hen­sion struc­tu­relle du racisme comme sys­tème qui « ins­ti­tu­tion­na­lise une dis­tri­bu­tion inégale des res­sources et du pou­voir entre per­sonnes blanches et per­sonnes racisé·es » (Robin DiAngelo), le terme « racisé·es » met l’accent sur l’existence d’une bar­rière raciale en mon­trant bien qui se trouve du bon côté de celle-​ci (celles et ceux qui ne sont jus­te­ment pas considéré.es comme « racisé·es », à savoir les Blan·hes) et celles et ceux qui sont du mau­vais côté.

Le pro­blème évident de cette accep­tion qui défi­nit de manière néga­tive les « racisé·es » vis-​à-​vis de la norme – la blan­chité – est jus­te­ment de gar­der sans le nom­mer les Blancs comme réfé­rence. C’est pour­tant, comme on vient de le voir, la manière la plus directe et immé­dia­te­ment com­pré­hen­sible de mon­trer que la struc­ture des pri­vi­lèges est déter­mi­née par la supré­ma­tie blanche. Et c’est aussi d’une cer­taine manière prendre à la lettre la pré­ten­tion des Blancs à être la norme.

L’utilisation du terme de « racisé·es » n’est pas un mono­pole socio­lo­gique mais aussi un outil de lutte qui est inté­gré à la pra­tique mili­tante. Tant qu’il y a du racisme, on peut s’emparer de ce terme afin de lut­ter contre. En ce sens, son uti­li­sa­tion est légitime.
Se pose aussi la ques­tion des faux·sses allié·es, ces per­sonnes qui feignent de s’intéresser à une oppres­sion pour d’autres rai­sons que leurs convic­tions et/​ou empathie.

Qu’est-ce qu’un·e allié·e ?

Cette notion est uti­li­sée dans cer­tains milieux mili­tants pour dési­gner une per­sonne qui ne subit pas direc­te­ment une oppres­sion, mais qui désire sou­te­nir dans leurs luttes les per­sonnes direc­te­ment concer­nées. Il existe toute une réflexion mili­tante autour de la pos­ture de l’allié·e.

Être un ou une allié·e n’est pas une posi­tion sociale, c’est une pos­ture. On n’est pas allié·e comme on est une femme ou un homme, une per­sonne de milieu popu­laire ou de classe moyenne supé­rieure. Être allié·e, c’est un choix éthico-​politique. C’est faire le choix, alors que l’on béné­fi­cie de cer­tains pri­vi­lèges sociaux, de les consi­dé­rer comme injustes et d’aider à lut­ter contre les inéga­li­tés sociales et/​ou les dis­cri­mi­na­tions qui y sont liées. Quand on est allié.e, on ne doit pas se posi­tion­ner de façon misé­ra­bi­liste, que cela soit conscient ou non, du fait des dif­fé­rentes posi­tions domi­nantes occu­pées. Ainsi, on devien­drait un faux allié·e qui repro­duit la struc­ture domi­nante contre laquelle nous luttons.

Pourquoi il faut utiliser ce terme ?

Nous défen­dons le concept de race comme une vérité socio­lo­gique contre laquelle on veut lut­ter : on vou­drait que les races n’existent plus, mais pour com­battre il faut pou­voir nommer.

En ce qui concerne les luttes péda­go­giques, nous avons un réel besoin de for­ma­tion (état des lieux, voca­bu­laire uti­lisé, atti­tudes à adop­ter en tant qu’allié·e, etc). Au sein de nos éta­blis­se­ments, le racisme ordi­naire est pré­sent et sans une lutte quo­ti­dienne, nous entre­tien­drons une forme de bana­li­sa­tion du dis­cours raciste dans le lan­gage cou­rant. Le tra­vail doit se faire aussi bien avec des adultes que des élèves. Il y a un racisme struc­tu­rel et nous devons le com­battre, dans nos luttes quotidiennes.