Le but de la non-mixité est l’égalité homme-femme, comment y parvenir ?
Le constat est que ce sont presque toujours les hommes qui ont le pouvoir dans les sphères publiques et privées . Donc le fait de favoriser des assemblées non-mixtes serait-elle un moyen pour renverser ce rapport de forces ? Les assemblées mixtes seraient-elles vouées à l’échec ? Car la mixité n’est pas garante de l’égalité. Il ne s’agit pas d’ opposer la mixité et la non-mixité et de trouver des arguments en faveur de l’une ou de l’autre mais de discerner la non-mixité subie qui oppresse et la non-mixité choisie qui se veut émancipatrice. Et voir la mixité choisie comme un objectif à atteindre qui passe par des moments de non-mixité choisie.
Un constat : notre époque est celle de la non-mixité subie et de la mixité sans égalité
- le système patriarcal exclut les femmes de la société politique, économique ou médiatique (malgré une mixité apparente) tant au niveau national qu’international (Gouvernement, hauts cadres administratifs, ONU, OCDE…), ou exclut les femmes des postes décisionnels dans des associations, clubs de sport ou…
- Au sein des familles, il n’y a pas d’égalité homme-femme (violences conjugales, tâches ménagères, rôle d’éducation des enfants).
- La parité numérique ( 50% d’hommes /50% de femmes) est un leurre car certaines professions sont beaucoup plus féminisées que d’autres, comme d’autres sont essentiellement masculines. Les professions masculines ou féminines étant de nature diverses (travail du care, …).
- La mixité à l’école, certes obligatoire depuis 1975, qui est censée offrir la même éducation à toutes et tous, telle qu‘elle est pratiquée reproduit les conditionnements sexués existants dans la société.
La non-mixité choisie permet aux femmes de se libérer.
C’est aux femmes qui subissent de s’auto-émanciper car ce ne sont pas les hommes qui, eux, ayant une position de dominants, vont lâcher de leur pouvoir, ce n’est pas à eux de dire comment les femmes doivent s’émanciper. Les femmes choisissent la non-mixité car :
- elle libère la parole, la sécurise, permet aux personnes opprimées de parler, de prendre l’espace, de parler mieux, de parler sans se faire sans cesse couper la parole, de se comprendre (mieux qu’en présence de personnes dominantes) ;
- elle permet à la femme une prise de conscience de son statut de dominée, en échangeant , elle voit les multiples facettes de l’oppression patriarcale ;
- La non-mixité est une stratégie de résistance politique à des dominations structurelles telles que le racisme ou le sexisme ;
- c’est un moyen de signifier aux hommes qu’ils doivent prendre conscience de leur place de dominant . Ce sont surtout les hommes qui ont peur de la non-mixité comme si, lorsque les femmes se retrouvaient entre elles, ils perdaient le contrôle ;
- La non-mixité est nécessaire à toute lutte.
La mixité choisie (ou plus exactement : la possibilité de choisir – ou pas – la mixité) constitue un objectif pour les dominé·es,
le chemin qui y mène passe nécessairement par des moments de non-mixité choisie.
- La mixité dans notre société est vue comme un progrès social mais elle n’attaque pas le patriarcat, elle n’est pas synonyme d’égalité : les stéréotypes de genre et les comportements sexistes ont la vie dure. L’égalité entre hommes et femmes par contre est un principe inaltérable.
- La mixité doit être un atout pour la convergence des luttes intersectionnelles. La mixité dans son sens large (mixité entre les sexes, mixité noirs-blancs, mixité dominant-dominés) est indispensable au fonctionnement de notre société.
- La non-mixité choisie est un outil de lutte qui permet aux femmes de se libérer, de s’auto-émanciper. Elle est choisie par des femmes ou personnes discriminées qui en éprouvent le besoin à un moment donné alors ce n’est pas à des personnes extérieures pas concernées par ce problème de discuter du bien-fondé de cette stratégie de lutte.
Rappelons juste que la non mixité choisie est un outil, non une fin en soi, le but étant de lutter à égalité dans une mixité choisie. Certain·es opposent non-mixité au principe républicain de mixité durement acquis à l’école notamment.
Et rappelons aussi que mixité ne veut pas dire égalité.
Sur le plan pédagogique, Sud éducation Limousin défend la possibilité de mettre en place la non-mixité choisie au sein de nos établissements et dans nos classes.
La non-mixité et la domination
Faire des groupes en non mixité pour les hommes ne s’entend pas de la même façon car le choix de la non-mixité existe pour libérer une parole confisquée, une parole opprimée. Et les femmes, dans nos sociétés patriarcales sont les discriminées, elles sont victimes d’un machisme systémique (féminicides, inégalités salariales…). Faire des groupes en non mixité pour les hommes relèverait plus du masculinisme où l’élément dominant a peur de perdre son pouvoir, ses avantages.
La non mixité des personnes racisées se conçoit donc également, ainsi que la non mixité lesbienne, ainsi que toute autre non-mixité en vue d’émancipation.
La fédération a choisi de développer une analyse intersectionnelle du rapport des gouvernements et de l’extrême-droite à la laïcité, entendue comme un moyen de stigmatiser et d’ostraciser les individus perçus comme étrangers. La domination patriarcale n’est pas la seule forme de domination qui pèse sur une personne : capitalisme et système de classes, racisme et discriminations/stigmatisations, traditionalisme et obscurantisme, viennent confluer avec patriarcat et hiérarchisation hétéro-sexiste. Il est nécessaire de penser ces formes de domination comme articulées les unes aux autres.
Pour qu’elle soit comprise par toutes et tous, plus que jamais, il nous faut réaffirmer nos valeurs et nos combats pour l’égalité femme/homme, pour le droit à l’avortement, contre toutes les formes de racisme et d’antisémitisme, contre l’islamophobie, contre le sexisme, l’homophobie, contre toutes les idées extrémistes qui veulent bafouer les droits de certain(e) êtres humains.
Pour Sud éducation Limousin, il n’y a pas de hiérarchie des luttes.