Communiqué de Sud Education Limousin sur le conflit israélo-palestinien

Notre organisation syndicale est attachée à la paix entre les peuples depuis sa création et condamne sans réserve le racisme, l’antisémitisme, le colonialisme, les discriminations et toute forme d’oppression.

 

Il est inacceptable que le conflit israélo-palestinien soit exploité en France pour dresser les personnes les unes contre les autres, pour instrumentaliser la situation à des fins antisémites ou islamophobes. Aucune personne en raison de son origine ou de sa religion supposée ne doit faire les frais de la situation, et tout acte raciste ou antisémite doit être puni.

Mais il est tout autant inacceptable pour nous d'appeler à « l'unité de la Nation » tout en prenant fait et cause pour un camp comme l'ont fait Macron et son gouvernement. L'unité de la Nation ce ne peut pas être illuminer la Tour Eiffel aux couleurs de l’État d'Israël tout en interdisant de parler du massacre effroyable en cours à Gaza.

 

L’action militaire lancée par le Hamas le 7 octobre, soutenue par d’autres groupes armés palestiniens, a délibérément visé des civil·es, parmi d’autres objectifs militaires. Il s’agit donc de crimes de guerre et nous condamnons fermement la barbarie de ces attaques.

 

Nous condamnons tout aussi fermement la réponse aveugle et brutale du gouvernement israélien qui constitue également un crime de guerre : le siège et le bombardement continu de la population de Gaza, privée d’eau, d’électricité et de gaz, sans compter l’utilisation de bombes au phosphore, les assassinats de manifestant·es en Cisjordanie et la menace d’expulsion de plus d’un million d’habitant·es du nord de Gaza.

 

Une fois de plus ce sont les civil·es, et notamment les femmes et les enfants, qui payent et continueront de payer le prix fort de cette terrible escalade. Mais celle-ci résulte de décennies d’oppression coloniale. Elle s’inscrit dans une guerre de longue durée menée contre le peuple palestinien visant à l’expulsion de ses territoires ; une guerre de plus ou moins grande intensité selon les périodes, commencée avant même la création de l’État d’Israël.

Le gouvernement d’extrême-droite actuellement en place en Israël ne fait que radicaliser encore plus une longue politique d'apartheid, de colonisation et d’occupation de la Palestine, qui a conduit à priver de leurs terres les Palestinien·nes, à les déshumaniser, comme l’attestent les récentes déclarations du ministre de la Défense Yoav Gallant, les traitant "d’animaux humains".

 

Cette situation est particulièrement marquée à Gaza depuis le début des années 2000. Sous blocus illégal condamné par le droit international depuis 17 ans, l’enclave constitue une prison à ciel ouvert dans laquelle survivent 2,1 millions de personnes, dont 1,4 million de personnes réfugiées, qui dépendent pour l’essentiel des aides internationales.

 

Le résultat de cette politique ce sont plus de 250 mort.es palestinien.nes, essentiellement des civil.es, entre le 1er janvier et le 19 septembre 2023, donc avant même l’offensive meurtrière sur Gaza. Ce sont près de 11 000 mort·es palestinien·nes depuis 2000, soit près de 500 morts par an, essentiellement des civil·es dont un grand nombre d’enfants. Ce sont des milliers de palestinien.nes dans les geôles israéliennes. Ce sont des attaques meurtrières contre les palestinien·nes perpétrées par les colons avec la protection de l’armée. Ce sont les expulsions en Cisjordanie et à Jérusalem. Etc, etc, etc.

 

Alors que la plupart des grandes puissances veulent encore plus isoler les palestinien·nes en manifestant leur soutien inconditionnel à Israël, la solution passe en premier lieu par la mise en œuvre des résolutions de l’ONU qui visent à défendre les droits des Palestinien·nes (évacuation des territoires occupés, droit au retour des réfugié·es, reconnaissance des droits politiques des Palestinien·nes…).

 

Au-delà, il n’y aura pas de paix durable sans solution politique juste, c’est-à-dire sans mettre fin à la situation coloniale qui sévit en Palestine. En effet le premier responsable de la situation c'est le sionisme qui n'est qu'un colonialisme de plus. L’État d'Israël et Netanyahu ne font que récolter le fruit de leur politique assassine. Le premier coupable c'est l’État d’Israël qui depuis des dizaines d'années ne respecte pas le droit international, assassine impunément à Gaza comme en Cisjordanie et tue à petit feu un peuple entier. Et dire cela ce n'est pas être antisémite, c'est être anticolonialiste. C'est être pour le respect du droit international. C'est être pour une paix durable qui ne pourra pas être obtenue sans justice. Car en réalité c'est de ne pas dénoncer le sionisme qui fait le lit de l'antisémitisme et qui empêche toute sortie équilibrée et juste du conflit.

 

Enfin, le conflit israélo-palestinien ne peut constituer un nouveau prétexte pour permettre au gouvernement d’attaquer les libertés publiques ni pour faire taire toute voix qui soutiendrait la cause palestinienne. L'interdiction systématique et automatique de toute parole contraire à la doxa ambiante et gouvernementale n'est pas acceptable. Ce gouvernement franchit un nouveau pas dans la destruction de nos libertés et droits constitutionnels. Nous ne pouvons accepter cette situation, ce nouveau palier franchi en toute décomplexion par Darmanin & Co.

 

Tout comme l'attaque du Hamas est une excuse toute trouvée pour aggraver la politique mortifère de l’État d'Israël envers Gaza, l'unité de la nation et autres accusations d'antisémitisme sont des excuses toutes trouvées pour faire reculer un peu plus nos droits fondamentaux.

Iels ne s'arrêteront pas là si nous les laissons faire. La prochaine fois iels nous interdiront de dire que nous sommes anticapitalistes, antifascistes, anti-sexistes... La prochaine fois iels nous interdiront de manifester pour les retraites.

 

Il est donc primordial d'appeler à des initiatives en faveur du peuple palestinien et contre l'offensive militaire israélienne mais aussi du respect des droits des peuples, et des résolutions de l’ONU. Et il est tout autant primordial de maintenir ces appels et ces initiatives même en cas d'interdiction. Ce sont des positions politiques, ce sont des positions justes qu'il est vital de défendre dans cette période où beaucoup d'organisations perdent leur boussole politique voire humaine.